Après 10 ans de vie en France, je suis enfin prête à partager mes connaissances sur la langue et la vie d’ici, sans filtre, sans colorier la réalité. J’adore parler de la beauté de la France, mais je ne cache pas la vérité sur la réalité pas toujours facile d’une émigrée. Et oui, je n’ai aucun souci avec les mots « immigré » ou « émigré », je ne me sens pas « expat », je me sens « migrante » accomplie 🙂
Je suis l’exemple parfait qu’il est possible d’apprendre une langue plus tard dans la vie, pas forcément en étant très jeune. Je suis la preuve qu’un apprentissage scolaire seul (même intensif) ne garantit pas de pouvoir parler de façon fluide et naturelle. Trop souvent la pratique est sous-estimée. Et je suis aussi la preuve que la langue demande beaucoup de temps et de patience, surtout envers soi-même 🙂
Commençons par le début ! Je viens d’un petit village dans la région de Lublin en Pologne dont le nom n’est connu que par les locaux.
J’ai grandi dans une famille nombreuse : j’ai deux frères et deux sœurs. Nous sommes presque tous partis vivre aux quatre coins du monde, sauf un raisonnable qui est resté en Pologne. On peut donc dire que j’ai l’immigration dans les gènes !
J’ai étudié la Philologie Romane à l’Université de Marie Curie-Skłodowska à Lublin. C’était une nouvelle fac qui permettait l’apprentissage de l’italien et du français aux débutants. C’est là que mon aventure avec la France a commencé : très difficile et intense par moment, je dois dire que j’en ai bavé ! En commençant mes études je ne savais même pas qu’on conjuguait les verbes en français. Quand je pense que j’ai initialement choisi cette fac pour apprendre l’italien… maintenant ne me demandez pas d’avoir une discussion correcte dans cette langue !
A la fin de ma première année, j’ai passé l’été entier en Angleterre, à Bournemouth, où habitait l’un de mes frères (je vous ai déjà dit qu’on aime bien émigrer dans cette famille ?).
Quand je suis partie (juste après mes examens qui m’avaient complétement coupé du monde réel pendant quelques semaines), je ne savais pas encore à quel point CET été allait changer ma vie à tout jamais.
Quelques jours après mon arrivée à Bournemouth, j’ai été embauchée en tant qu’Assistante Administrative et Financière dans une école de langue, ETC International College.
Au même moment, un inconnu breton y faisait également son stage international… C’est comme ça j’ai rencontré mon futur mari, le papa de mes enfants, et le responsable de tout ce « bazar français » et de mon déménagement à plus de 2000 km de là où j’ai grandi 🙂
En parallèle de ma licence en Philologie Romane, j’ai suivi une formation supplémentaire en français spécialisé. Elle m’a permis d’élargir mes connaissances et mon vocabulaire spécifique dans plusieurs domaines comme les médias, la politique, le droit, le marketing, l’économie et les finances, le tourisme, etc. Ayant déjà comme projet d’aller vivre en France, j’ai décidé d’arrêter mes études après la licence.
Je suis donc partie m’installer à Versailles juste après avoir passé ma soutenance, et j’y ai passé 6 années de ma vie. J’ai toujours voulu travailler dans un café, et apprendre à faire un joli latte art… En plus, les conversations autour d’un café signifient quelque chose de très spécial pour moi. J’ai donc succombé à la tentation d’un poste de barista puis de manager pour une entreprise internationale bien connue avec sa sirène verte.
J’ai commencé à travailler à Paris, juste à côté des Galeries la Fayette. Je suis ensuite parvenue à être mutée à Versailles, car malgré tout mon amour pour les trains en France, j’en avais assez des transports en commun.
Malgré mes 3 années d’apprentissage intensif du français à l’université, je me suis rendue compte en arrivant en France que je n’arrivais pas à m’exprimer correctement. Pourtant, j’avais une énorme base de vocabulaire et la grammaire n’avait plus aucun secret pour moi. Mais alors, pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à exprimer ce que je voulais ?!
En fait c’est simple, je manquais cruellement de pratique. Je ne comprenais pas la moitié des choses lorsqu’elles étaient exprimées en langage familier. Mon français était très scolaire, ce qui faisait rire mes interlocuteurs. Pas facile pour la confiance…
J’ai eu besoin d’environ un an pour me sentir vraiment à l’aise. J’ai même réussi à parler français avec mon conjoint alors que nous n’utilisions que l’anglais à la maison.
Lorsque je me suis mariée en France quelques années plus tard, la langue et l’administration ne me posaient plus de problème. J’ai même obtenu ma nationalité française en 2022 !
Je suis maman de deux petits Français et nous vivons depuis peu dans la plus belle région française – la Bretagne, dans le département du Finistère .
Et est-ce que je me sens chez moi ici ? Je crois que je n’aurais plus jamais l’impression d’avoir un endroit où je pourrais me sentir « chez moi ». Mais oui, je me sens très bien ici et je n’ai plus envie de changer d’adresse (pour l’instant 😉 ) !
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